Pas moins de six cavaliers du top 20 mondial, un champion olympique, trois champions du monde : l’élite du concours complet a rendez-vous cette semaine en Béarn pour les 5 Etoiles de Pau, l’un des six évènements internationaux majeurs de la discipline.
Depuis quatre ans, la même scène semble se reproduire dans un mouvement perpétuel. Au milieu des supporters en liesse scandant leur prénom, la jeune génération du complet français se lance en première ligne d’un tour d’honneur jubilatoire après avoir recoiffé leur casque dont ils s’étaient allégés quelques instants plus tôt pour goûter le poids de la Marseillaise. Ils disparaissaient alors de la carrière d’honneur pour réapparaitre, hagards, en salle de presse, dire combien leur succès était aussi inattendu que mémorable.

Astier Nicolas, vainqueur en 2015. © Archives / Romain Perchicot

Fin de série
Sauf que… L’édition 2019 marquera sans aucun doute le coup d’arrêt de la chevauchée fantastique des Vestes Bleues. Contrairement aux années passées où, bien qu’ils soient minces face à la densité de la concurrence, les espoirs habitaient tous les esprits, en particulier ceux des instances fédérales qui misaient en secret sur Thibault Fournier ou Alexis Goury (en 2018), l’apparition d’une cinquième étoile sur l’affiche de l’épreuve paloise n’a aucune chance d’être prémonitoire au sacre d’une cinquième star française. Bien sûr, la liste des engagés révèle le nom d’un des meilleurs cavaliers de l’Hexagone, le champion olympique Mathieu Lemoine. Mais l’équitation est une affaire de couple, et sa monture Tzinga d’Auzay foulera une épreuve labellisée 5* pour la première fois de sa carrière. De toute la délégation française, un seul tandem figure dans le groupe 1 (celui faisant référence pour les sélections des rendez-vous majeurs tels que les championnats d’Europe ou les JO). Il s’agit de Rémi Pillot et Tol Chik du Levant. Avec le forfait de Maxime Livio, le cavalier Aquitain est, sur le papier, le chef de file d’une délégation tricolore réduite en raison de la Coupe des Nations de Boekelo le week-end dernier et de l’approche des Jeux de Tokyo.

Alexis Goury et Thibault Fournier en 2018. © Archives / Romain Perchicot

L’Océanie en force
Pour succéder à la marée bleue qui s’est abattue sur Pau ces dernières années et s’inscrire en héritier d’Astier Nicolas (Piaf de B’Neville, en 2015), Maxime Livio (Qalao des mers, en 2016), Gwendolen Fer (Romantic Love, en 2017), et Thibault Fournier (Siniani de Lathus, en 2018), il serait donc plus prudent de miser sur les cavaliers des Antipodes. Même si Pau est, historiquement, une compétition qui leur réussit peu. Il faut remonter à 2012 pour voir un Kiwi, en l’occurence Andrew Nicholson, juché sur la plus haute marche du podium. Alors en 2019, les têtes d’affiche Tim Price, n°3 mondial, vainqueur du 5* de Luhmuhlen sur Ascona M ou encore Chris Burton (n°5) risquent de jouer des coudes pour truster les avant-postes et inscrire leur nom au tableau d’honneur du prestigieux concours béarnais. Face à eux, le contingent britannique sera toujours aussi important : près de la moitié des engagés représenteront l’Union Jack. Sur les 17 cavaliers de sa Gracieuse Majesté, Alexander Bragg signe son retour après une cinquième place en 2016 et 2017 sur les terres d’Henri IV. Il sera accompagné de la championne du monde 2018 Rosalind Canter, de Gemma Tattersall, Tom McEwen ou encore Izzy Taylor.
Pour autant, une belle performance japonaise n’est pas à exclure. Les complétistes du Soleil Levant progressent à une telle vitesse qu’ils pourraient ambitionner un podium chez eux en 2020. Kazuma Tomoto, n°15 mondial et acteur de la 4e place historique du Japon aux JEM pourrait donc bien tirer son épingle du jeu. Cette édition semble définitivement plus ouverte que jamais.
Romain Perchicot

Gemma Tattersall, 2e de la compétition Béarnaise en 2018. © Archives / Romain Perchicot