Fin de série pour le clan tricolore qui régnait avec hégémonie sur le concours complet de Pau depuis quatre ans. Mais la victoire reste entre les mains de la jeunesse. A 28 ans, le Britannique Tom McEwen a remporté son premier concours 5*.

Tom McEwen, vainqueur du CCI 5*-L de Pau. © Romain Perchicot
Dans la carrière d’honneur du Domaine de Sers, le silence résonnait. Trois cavaliers attendaient encore leur tour pour achever le dernier test de leur triathlon équestre. Et non des moindre. Historiquement, à Pau, le concours hippique a quasiment systématiquement rebattu les cartes. Les irréductibles de la compétition béarnaise se souviennent encore de la défaite amère du Kaiser de la discipline, Michael Jung, qui en 2016, après une domination sans partage tout au long du week-end avait perdu son leadership à l’issue d'un saut d’obstacle ponctué par la chute de deux barres à l’avantage de Maxime Livio qui signait alors son premier succès étoilé.
Cette année, en revanche, la Grande-Bretagne semble avoir totalement conjuré le sort. Juché sur Toledo de Kerser, le représentant de l’Union Jack a offert une véritable démonstration de force à l’ensemble de ses concurrents. Auteur d’une prestation magistrale sanctionnée par un score stratosphérique (25 points) à l’issue du dressage, le couple n’a ensuite ajouté que 0,8 points à sa musette malgré le difficile cross proposé par Pierre Michelet, chef de piste des JO de Rio. « Le parcours a été fidèle a ce que j’avais perçu au moment de le marcher », commentait McEwen samedi soir. « Il était très technique au début, avec des virages. La suite était plus fluide et j’ai eu beaucoup de plaisir à monter ce parcours qui demandait une grande concentration et pouvait causer des fautes un peu partout. Il y avait de gros obstacles, de gros sauts à fournir et finalement peu d’endroits susceptibles de nous faire gagner du temps. » D’ailleurs, un seul pilote est parvenu à rentrer maxi (sans faute et dans le temps imposé) : son compatriote Alexander Bragg. En selle sur Zagreb, le hongre de 15 ans avec lequel il s’était adjugé une troisième place sur le prestigieux concours 5* de Luhmühlen cette année, le pilote anglais a damé le pion de tous les meilleurs mondiaux. A commencer par Tim Price, victime d’une chute dans le gué ou encore la championne du Monde Rosalind Canter, dont la cagnotte a été créditée de 6 points.


Tension à son comble
Alors au moment d’aborder l’hippique, la tension était à son comble. Mais seulement dans les tribunes. Car pour le jeune Britannique de 28 ans, pleinement confiant aux rênes de sa monture, le sans faute ne faisait quasiment aucun doute. « Le cheval a été fantastique, c’est un avion, il suffit de rester dessus et de compter les obstacles ! », s’amusait-il en conférence de presse. Et d’ajouter : « J’ai suivi la défaite du Pays de Galles dans la matinée, cela m’a beaucoup aidé ! » Toujours est-il que l’image de McEwen sur l’obstacle Air France est totalement révélatrice. Tout en maestria, Toledo de Kerser a franchi chacun des 13 obstacles avec une aisance quasi déconcertante. D’ailleurs, en dehors de Shane Rose (3e), aucun couple du top 5 (composé uniquement d’Anglais ou d’Australiens) n’est sorti de la carrière exempt de pénalité. Avec huit points, Alexander Bragg a perdu sa position de dauphin glanée la veille, au bénéfice de Chris Burton.

A peine quelques mois après sa deuxième place à Luhmühlen, Tom McEwen s’est adjugé à Pau sa première victoire sur une épreuve labellisée cinq étoiles. Un premier pas vers l’échéance olympique qui sera marquée, à Tokyo, par de nouvelles modalités de sélection. Seuls trois cavaliers (et non plus quatre) par nation seront qualifiés. Et compte tenu de l’extrême densité régnant en Angleterre, « La Mecque » du concours complet, la tâche ne s’annonce pas si élémentaire. « Nous avons la chance d’avoir un vrai vivier chez nous », acquiesce le nouveau vainqueur des 5 Etoiles de Pau. « Il faudra maintenir les bonnes performance de cette année pour être dans l’avion l’année prochaine. »