Si le plateau et le palmarès des 24h du mur avaient tendance à s’internationaliser ces dernières années, c’est un final 100% made in France qui s’est dessiné ce week-end pour la 14e édition du Master international d'escalade oloronais. Les Français Mathilde Becerra et Hugo Parmentier se sont imposés dans la catégorie Expert.
Au bas de la voie, sur les sièges accueillant les leaders provisoires de la finale Experts, le jeu des chaises musicales n'a pas duré bien longtemps. Quatrième à s'élancer après des qualifications difficiles, Mathilde Becerra s'est installée sans encore le savoir sur un trône annonciateur d'une quatrième couronne. Au top après avoir conjuré le sort de phases qualificatives contrastées, la grimpeuse est devenue la nouvelle recordwoman des victoires. Pourtant, en dehors de sa parfaite connaissance du Master Haut-Béarnais (11 participations en 14 éditions), rien avant son passage en finale ne laissait entrevoir l'hypothèse d'un nouveau succès. « C'est la première fois pour moi que c'est aussi difficile de me qualifier », explique la jeune Toulousaine. « J’ai dû m’y reprendre à trois reprises, je n’arrivais pas à enchaîner les voies. »
La triple lauréate a même frisé la correctionnelle. A 9h, dimanche matin, sa qualification en finale n'était toujours pas entérinée. Ce n'est que sur les coups de midi, à l'édition des résultats définitifs que l'horizon s'est dégagé : Becerra pointait en 5e position. Son ticket pour la finale venait d'être composté.
C'est parfois une règle en compétition : pour que tout se passe bien, il faut que ça se passe mal... « Tu es meilleure sans pression », lui glissaient ses proches à l'oreille à la pause déjeuner. Un discours annonciateur.
Becerra s'est mise en quatre
Mathilde Becerra a signé sa 4e victoire aux 24h du Mur. © Romain Perchicot
Les secondes semblaient interminables. Suspendue à l’horizontale sur une soucoupe volante, la nouvelle attraction proposée par les ouvreurs de l’édition 2019, Mathilde Becerra s’est montrée hésitante. Et le doute s’est instauré. La triple lauréate du contest Haut-Béarnais allait-elle asseoir sa domination et égaler le record de victoires détenu par le Canadien Sean McColl ? Les qualifications laissaient encore planer une certaine forme de scepticisme.
Mais passés les quelques instants de repos et d’analyse sur l’aéronef extraterrestre, le final était haletant. Plus rien ne semblait entraver sa course vers le sommet. A l’issue d’un ultime jeté, la désormais quadruple vainqueure de la compétition accroche sa dernière prise, clippe la dégaine finale et se jette dans le vide avant d’exulter : elle sera la seule féminine à réaliser un top. Pas même les autrichiennes multi-médaillées Julia Fiser (2e, qui chute à quelques mouvements de la fin) et Hannah Schubert (3e) ne sont parvenues à l’égaler.
Podium Experts Dames :
- Mathilde Becerra
- Julia Fiser
- Hannah Schubert
Parmentier double la mise
Hugo Parmentier a signé sa première victoire aux 24h du Mur. © Romain Perchicot
La finale masculine a connu un dénouement assez similaire. A ceci près que le jeune Parisien a vécu une séance de qualifications bien plus apaisée. Sixième à s’élancer en finale, Hugo Parmentier avait fort à faire après la prestation assez magistrale de Thomas Joannes. D’autant que les ouvreurs avaient élaboré une voie très intense d’entrée de jeu. « On a nous même était surpris de l’intensité », remarque Romain Cabessut. « Mais Hugo a vraiment fait un effort supplémentaire par rapport aux autres, sa victoire est amplement méritée ! » Chutant à trois mouvements de la prise finale, le jeune grimpeur a accompli la plus belle performance masculine en devançant le leader des qualifications, Jeremy Bonder (2e) et le Russe, doublement sacré à Oloron (en 2016 et 2017), Dmitry Fakiryanov (3e).
Dauphin du jeune grimpeur de 21 ans, Jeremy Bonder a totalement dominé les qualifications. Mais dans une finale demandant un engagement de tout instant, le petit supplément d’âme de Parmentier a fait la différence. « Habituellement, je fais plutôt du bloc », explique le champion de France de bloc en titre. « Mais je suis arrivé avec beaucoup d’envie et plutôt en forme dans cette discipline que je pratique quand même régulièrement. J’ai eu de bonnes sensations en qualifications mais en finale, même si j'ai bien géré la voie, je ne me suis pas placé exactement comme il fallait : ce qui m’a couté quelques prises et la victoire. »
Avec deux 8b+, trois 8b et une 8a+, Jeremy Bonder a pris les rênes des qualifications. © Romain Perchicot
Podium Experts Hommes :
- Hugo Parmentier
- Jeremy Bonder
- Dmitry Fakiryanov
Thomas "Titom" Joannes termine au pied du podium. © Romain Perchicot
Thomas Joannes termine au pied du podium.
Comme d'habitude, l'ambiance était géniale, le public était vraiment chaud pour la finale, ça fait plaisir. c'est aussi pour ça qu'on vient aux 24h.
Je suis un peu frustré de ma finale, mais les finales des 24h, c'est toujours un peu "tricky" dans le sens où c'est spectaculaire donc tu peux te faire avoir sur un petit mouv. La voie était typique de cette compétition, des grosses prises, de l'engagement. Les ouvreurs ont fait leurs preuves : Gérôme Pouvreau, Florence Pinet, Romain Cabessut. Ils ont fait du bon boulot, ça a bien départagé les grimpeurs.
Les locaux au rendez-vous
Chez les Experts
Derrière la crème française et internationale de la discipline, le jeune grimpeur du Mur Jordi Poles a réalisé une belle performance. Il termine 15e de la catégorie Experts. Au même titre que Paola De Truchis, 14e chez les Experts Dames.
Jordi Poles, durant les qualifiactions. © Romain Perchicot
Chez les Amateurs
Pour son retour dans la compétition, le néo-ossalois Mathieu Lignac, récent vainqueur du Bloc Ossau Contest s’est adjugé une prometteuse 4e place. « C’était la première fois que je participais aux 24h », raconte-t-il. « Je venais pour m’amuser et je ne m’attendais pas à me qualifier en finale. C’était génial. Je n’avais pas fait de compétitions depuis 2 ans et ça m’en a redonné envie. La voie était magnifique, on se serait presque cru en extérieur. En plus on peut échanger avec des grimpeurs pro qui courent habituellement des Coupes du Monde, c’est un vrai plaisir. »
Mathieu Lignac, 4e de la finale Amateur. © Romain Perchicot
Romain Perchicot
L'attraction 2019
Roxane Durand. © Romain Perchicot
Les ouvreurs emmenés par Romain Cabessut ne manquent souvent pas d’imagination dans la capitale Béarnaise. Et si la tendance à l’analogie extraterrestre est parfois de mise au regard des performances des grimpeurs, c’est littéralement propulsées dans l’espace, suspendues à une soucoupe volante que les finalistes de la catégorie Expertes féminines ont dû appréhender la deuxième moitié de la voie...